Pierrard ton avenir

Histoire

Les origines de Pierrard, à la fin du 19e siècle

Nous sommes le 21 novembre 1894 …

Une jeune congrégation religieuse, les Aumôniers du Travail a pour but de réaliser le programme social de l’Encyclique RERUM NOVARUM : s’attacher les ouvriers en montrant une compréhension exacte de leurs droits, les aider dans l’organisation de leurs oeuvres syndicales ou autres et ainsi les affermir dans l’attachement à leur foi et à leur vie chrétienne. Les Aumôniers ouvrent une hôtellerie qui loge, nourrit à des conditions modiques les ouvriers ne pouvant rejoindre quotidiennement leur domicile ; ils organisent un service de formation, de placement, un service juridique, des coopératives, une caisse d’épargne et de secours, des cercles ouvriers, des patronages, un enseignement …

Leur objectif est de …

REMETTRE L’HOMME DEBOUT
PAR LA JUSTICE ET LA CHARITÉ

ce qui se trouve repris sur le blason de la congrégation

La Belgique n’est pas absente de la compétition technique et mercantile que se livrent les nations. Cette période de prospérité sans précédent trouve notre industrie à court de main-d’oeuvre qualifiée, parfois de cadres intermédiaires et souvent de cadres supérieurs. Pour les jeunes, la situation est donc telle qu’elle nécessite un enseignement spécifique solide, capable de répondre à l’évolution des industries avoisinantes et aux problèmes de société qui se posent dans notre pays comme ailleurs.

Le chanoine E. CROUSSE fonde le Collège Saint-Joseph en 1885 et en devient le premier directeur. Attentif à répondre aux vues du gouvernement et s’inspirant des nécessités du moment, il conçoit, deux ans plus tard, le projet d’annexer à son établissement principal un enseignement agricole des plus complets afin de se rendre utile aux cultivateurs de la région.

Le directeur se soucie également de la condition des jeunes filles gaumaises. “La femme est l’âme du foyer domestique. Et comme la famille est la base de la société, contribuer à l’amélioration morale et matérielle de la condition économique des futures mères de famille, c’est travailler efficacement au bien-être de la société.”

Grâce à son zèle toujours en éveil, une Ecole Ménagère agricole voit le jour à Virton en 1891 et, le 4 août 1894 est fondée la première société coopérative de laiterie dans le Luxembourg : la Laiterie Saint-Joseph.

L’Ecole d’agriculture a contribué de façon significative à l’amélioration de la classe agricole, tant masculine que féminine.

Mais une autre classe sociale préoccupe beaucoup le chanoine Crousse : celle des ouvriers dans l’industrie. Il lui faut également un enseignement professionnel et chrétien pour relever sa condition économique, sociale et religieuse.

De nombreux jeunes de la région “montent” à Bruxelles pour se caser dans les administrations et dépeuplent leur Gaume natale.

L’enseignement professionnel donne une autre orientation à ceux qui, ayant fait quelques études, n’avaient d’autre objectif que le fonctionnarisme.

A part quelques universitaires issus de familles aisées, rares en effet étaient ceux qui possédaient l’instruction suffisante pour remplir de façon honorable une situation élevée ou un poste de confiance dans les industries prospères de Lorraine. Cette situation ne pouvait plus durer !

Des forges à l’Ecole d’Arts et Métiers

L’homme de toutes les grandes initiatives, à l’intelligence, à l’énergie et à la sagacité bien connues, rêve donc de doter Virton d’une école d’enseignement technique qui formerait des contremaîtres instruits des lois de la technique en même temps que d’habiles ouvriers. En effet, la masse laborieuse de l’époque était très peu qualifiée et beaucoup de jeunes gens partaient comme manoeuvres dans les grandes usines de Lorraine, ne possédant, pour toute richesse, que leurs bras robustes. Vu la modicité des ressources familiales, ils étaient contraints de chercher un travail rémunéré avant d’entrer dans l’adolescence. Il s’ensuivait que ces enfants oubliaient facilement le peu qu’ils avaient appris !

Au mois de septembre 1898, le chanoine Crousse, part à Seraing exposer son projet à l’abbé Reyn, supérieur des Aumôniers du Travail : “On vous donnera Pierrard tel qu’il est. Venez le voir. Vous y établirez une Ecole d’Arts et Métiers : les industriels français de la frontière le demandent. Le Collège préparera ses élèves à vos études et vous aurez du succès.” Cette proposition devait avoir une répercussion profonde sur l’avenir des Aumôniers du Travail.

Ses responsables vont saisir l’occasion qui se présente à eux pour se muer en un ordre enseignant.

Par une grise et froide après-midi de novembre 1898, l’abbé Reyn, supérieur général, et l’abbé Pire viennent à Virton pour examiner de visu la possibilité de répondre aux désirs du chanoine Crousse. Ils constatent immédiatement la viabilité de l’œuvre. N’y a-t-il pas, à vingt minutes du centre gaumais, l’espace nécessaire, le grand air, le calme et la solitude favorables aux études ? La quiétude de l’endroit ne ressemble en rien aux rues animées de Seraing. De plus, la présence d’une chute d’eau permettrait d’exploiter la force motrice indispensable, et la propriété jouxte la ligne de chemin de fer Virton – Marbehan .

Les conclusions sont favorables au projet du chanoine et l’abbé Klotz, responsable financier, est chargé de travailler à la réalisation de cette entreprise nouvelle.

“C’est la planche de salut que la bonne Providence envoie à la Congrégation”, note l’abbé Pire.

Et la Providence réalise des prodiges ! Un don de 300 000 F or du sénateur Otlet permet d’acheter la propriété de 25 hectares.

En mai 1899, deux aumôniers, les abbés Ernest Jansen et Delcourt, s’installent à Pierrard, accompagnés des enfants de leur école apostolique de Saint-Gilles à Liège. L’abbé Jansen a pour mission de relever les ruines du fourneau et de jeter les bases de l’école technique.

Le site abandonné est peu accueillant : une maisonnette de contremaître habitée par un vieux gardien se dresse parmi les buissons et les herbes folles, seule vie au milieu de la solitude et de l’oubli.

Les nouveaux propriétaires aménagent un réfectoire et des salles de classe au rez-de-chaussée, des chambres à l’étage et un dortoir dans les combles. Les halles à charbon de bois sont en ruines, les étables et les granges abandonnées, les roues hydrauliques disloquées et moisies, les digues rompues. L’ancienne scierie et la fonderie de quelques mètres carrés, serviront d’atelier de forge, de modelage, d’ajustage et de laboratoire de chimie.

Tel est le tableau que trouvent les pionniers : la désolation.

Et pourtant, c’est de ces ruines que naîtra
l’École d’Arts et Métiers de Pierrard.

C’est ainsi que les Aumôniers du Travail vont s’initier à l’enseignement technique et transformer successivement toutes leurs maisons en écoles professionnelles.

Passages extraits du livre

PIERRARD
Des origines à 2000

Histoire de 
L’Ecole d’Arts et Métiers de Pierrard-lez-Virton (1900 – 2000)

Livre édité à l’occasion du centenaire de l’école, et rédigé par / sous la direction de /Luc Monin, professeur pierrardin

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